Janaïna, psychologue et chrétienne !

J’ai rencontré Janaïna en Guyane. On se voit très rarement mais c’est une personne que j’apprécie beaucoup. Je crois qu’elle ne le sait pas, mais je trouve que c’est une femme inspirante. Elle est hyper courageuse, hyper vraie avec elle-même et je trouve que son métier lui va à ravir. Si vous souhaitez son contact, envoyez moi un DM sur mes plateformes, un mail ou encore un message via le formulaire du blog.

Elle a bien voulu répondre à mes questions. Je vous laisse les découvrir.

As-tu toujours rêvé d’être psychologue ?

Oui ou plutôt, j’ai su très tôt que je voulais faire ce métier, à l’âge de 14 ans.

Qu’est-ce qui t’a poussé à prendre ce chemin ?

Je suis convaincue qu’on ne choisit pas cette voie de manière anodine. J’ai toujours été discrète et observatrice.
J’ai rencontré une psychologue lors d’un épisode de vie difficile à l’adolescence. Et ce fut une révélation. J’ai réalisé et expérimenté le pouvoir de l’écoute. Même sans parler, on peut aider énormément rien qu’en écoutant et en acceptant l’autre tel qu’il est. Ça a été une découverte très importante pour moi.

Quel est le rôle d’un psychologue ?

En réalité, le terme « psychologue » englobe plusieurs métiers dans des domaines variés. Il existe des psychologues chercheurs, des psychologues du travail qui exercent essentiellement en entreprise et les psychologues cliniciens qui sont dans les métiers de l’accompagnement dont je fais partie. Je pratique ce métier à travers deux versants: la psychothérapie et l’évaluation. Le rôle d’un psychologue dans une psychothérapie c’est avant tout l’écoute et l’accompagnement de la personne pour cheminer vers un mieux-être et avoir des relations plus apaisées avec elle-même et son entourage, avec l’aide d’outils variés.


Le rôle d’un psychologue lors d’une évaluation cognitive et/ou de la personnalité est d’investiguer le fonctionnement de la personne à travers des outils normés et standardisés afin de lui proposer une aide ou des réponses à ses questionnements.

Qu’aimes-tu dans ton métier ?

La rencontre. Je rencontre des gens venant d’horizons et milieux variés. Je dis souvent que j’espère apporter à mes patients autant qu’ils m’apportent. À chaque rencontre, j’essaie d’honorer la confiance qu’ils déposent en moi.

Que penses-tu apporter de plus à la profession en tant que chrétienne ?

Je ne sais pas ce que j’apporte à la profession en tant que chrétienne en revanche je sais ce que la foi m’apporte dans ce métier. Elle est fondamentale. Elle m’apporte de l’espoir dans un métier où l’on côtoie quotidiennement le désespoir, le désamour et l’injustice. La foi m’aide aussi à tenir personnellement face à des situations qui peuvent être révoltantes. La foi m’apporte de la bienveillance.

En tant que croyante, je vois toute personne comme sacré, une création du Seigneur et surtout comme mon prochain. Et ce prochain n’est pas seulement un cerveau, un psychisme, ou un « client ». La foi m’apporte aussi l’humilité. Je suis consciente que par sa seule grâce, le Seigneur m’utilise dans ma profession pour être un témoin, un relais, une personne ressource. Le tout pour la seule gloire de Dieu.

Mentionnes tu que tu es chrétienne ?

Non pas directement. Uniquement si le patient me pose la question.

Reçois tu des patients chrétiens ? Si oui ? Est-ce que tu travailles différemment avec eux ?

Oui je reçois des patients chrétiens. Certains sont orientés vers moi par des connaissances chrétiennes justement parce que je le suis. Je ne travaille pas différemment, tout comme quand je reçois des personnes ayant d’autres croyances, ma façon de faire ne change pas.
De manière concrète, ce qui change dans ma pratique du fait de ma croyance est mon adhésion à certaines théories. Quand un professionnel soigne le psychisme, sa conception de la nature humaine a un rôle capital dans les soins qu’il donne. Et ma conception de la nature humaine est différente de la conception de mes confrères et consœurs non croyants.

Lorsque tu suis des patients chrétiens, quelles sont les difficultés récurrentes qui reviennent ?

Les personnes croyantes ont les mêmes difficultés que les personnes non croyantes à savoir : mauvaise image de soi, culpabilité, dépression, angoisses, difficultés conjugales. Être chrétien n’immunise pas ni contre les maladies physiques comme le diabète, ni contre les maladies psychiques comme la dépression ou l’angoisse.

Selon toi, quels sont les freins que peuvent rencontrer les chrétiens qui refusent de voir des psychologues alors qu’ils ne vont pas bien ? Et d’après toi, ça vient d’où ?

Alors le premier frein reste le conditionnement issu de certaines églises et les messages contradictoires. A savoir qu’en tant que chrétien nous avons tout en Jesus, que pour tous nos problèmes nous devons nous tourner vers lui, que nous devons être joyeux et épanouis car nous avons tout en lui. Avoir besoin d’une aide extérieure et donc un psychologue, est vécu comme une mise en doute du pouvoir de Dieu ou ça s’apparente à diminuer l’action de Jésus à la croix qui a tout accompli pour nous.
Le deuxième frein concerne les expériences négatives que certains ont eu avec des psychologues scrupuleux et/ou malveillants. Ce qui ne fait pas bonne réputation.
Le troisième frein vient du fait qu’historiquement les théories psychologiques pouvaient être suspicieuses ou critiques envers la foi.

Que dirais-tu à des personnes qui pensent qu’un chrétien ne peut être psychologue ? Et qu’il ne doit pas en consulter un ?

Je dirais que chaque problème spécifique requiert l’aide d’un spécialiste : le garagiste pour notre voiture en panne, le médecin pour les douleurs physiques, le psychologue pour les problèmes psychologiques. Il est possible d’articuler vie psychique et vie spirituelle. Nous sommes composés d’un psychisme, d’un corps, d’une âme et d’un esprit. Il faut tenir compte de toutes ces dimensions. Je dirai également que Dieu nous a tous donné des dons, des capacités différentes. Et que cette profession est un des moyens que Dieu a permis et qu’il utilise pour que je puisse accompagner écouter, garantir un cadre sécurisé, proposer un espace de parole respectueux pour mon prochain, dans le respect de ses dimensions psychiques et physiques. J’ai besoin de me rappeler ma vraie identité de chrétien, pour exercer le plus justement mon travail.

Merci Jana pour ces réponses qui, je le crois, aideront beaucoup.

Stéfany Yang

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